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Radio Casseroles

Comment inventer un plat en cuisine ?

20 novembre 2009

Petit interlude sur la vie des chefs, et de leurs équipes, et sur leur façon d’inventer en équipe ou pas un nouveau plat.

Forest Gump aurait pu le dire : Les chefs « c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur lequel on peut tomber ». Car oui ! Tous les chefs ne se valent pas lorsqu’il s’agit de faire ce qu’il y a de plus dur en cuisine, ce qui demande le plus de talent, de création, d’intelligence : inventer un plat. Et quand je parle des chefs, ce sont bien sûr tous le chefs ; de celui qui travaille dans un bistrot de qualité, à celui qui se dit appartenir à la haute gastronomie.

Parmi tous les individus appartenant à cette caste des chefs, il en existe qui ont décidé ; par étroitesse d’esprit, manque d’originalité, ou fainéantise ; de ne plus rien inventer. La modernité pour eux c’est surtout un phénomène de mode. Leur adage préféré ; rien ne sert de courir, il faut partir à temps. Vous ne trouverez pas chez eux de magazines culinaires, mais de bonnes vieilles fiches techniques avec des recettes, façon CAP, avec du beurre, du beurre, et encore plein de beurre, des cuissons de poissons ou viandes bien trop longues ou à l’eau.

Dans la famille des chefs, il y a aussi une autre sous catégorie : celle des malins, ou tricheurs. Les chefs à la tête de resto appelés, « grosses machines de guerre », et qui, avec leur argent, qui afflue en quantité, et parce qu’ils sont aussi très malins, vont demander des conseils à des « tendanceurs », ou à des personnalités culinaires ou publiques pour renouveler leur carte. Si leurs consommateurs s’intéressent au bio, ils vont créer (et c’est aussi là qu’il faut du talent) des plats à base de bio. Quitte d’ailleurs à travailler les petits pois en hiver, et les topinambours en été. Si leurs consommateurs veulent du moderne, de la cuisine chimique pardon moléculaire, et bien ils se diront : pourquoi pas moi ! Ils se lanceront dans des émulsions toujours plus farfelues, quoique parfois par hasard goûteuses.

Pour finir, La portion de chef qui m’intéresse le plus (mon chef en fait d’ailleurs partie) : les chefs créateurs. Ils inventent des plats à leur image, ou/et s’imprègnent des idées de leur équipe. Ils fondent leur plat sur un fourmillement d’idées mais créent malgré tout quelque chose qui leur ressemble.
Parmi les propositions qu’ils reçoivent de leur brigade, il sélectionne un plat, et observent quels sont les cuisiniers qui leur ont montré des essais pour les promouvoir ou les canaliser. Ces chefs là sont à la fois des rois de la manipulation, de magnifiques (peut être sans le savoir) joueurs d’échec, des stratèges, mais aussi des artistes. Ils créent une vraie dynamique dans leur brigade.

Avec eux l’invention d’un plat devient une cérémonie quasi religieuse. Lors de son test final, le nouveau plat, après avoir été dressé, est apporté de façon solennelle par le second au chef qui attend, patiemment, le regard impérieux. Lentement, le chef mâche chaque bouchée. Entouré par toute l’équipe, il lance alors son verdict dans un silence de plomb: victoire si le plat est au menu du jour, grande consécration s’il est à la carte. C’est la cène  revisitée, avec dans le rôle de Jésus, le chef, en guest star.

Ces chefs créateurs rachètent ainsi tous les autres, ils donnent envie de cuisiner, de se battre pour inventer. Ils génèrent un lieu d’échange, de création. Ils donnent une dimension artistique à la cuisine. Ils forment des disciples.

Mais en cuisine,  tous les chefs peuvent ils être de ceux-là ?

Ratatouille


Radio Casseroles

La Cantine…

13 novembre 2009

 

 

Aujourd’hui, je vous propose de regarder à la loupe le milieu dans lequel je travaille, à partir d’une petite description d’un endroit très particulier…

 

Pour voir loin, il faut y regarder de près… Pierre Dac

 

Pour comprendre la Cuisine, il faut pouvoir la regarder de plus près. Et tout peut commencer à l’endroit le moins convivial, le plus hiérarchisé qui soit, la cantine.

 

Le local cantine, c’est une dizaine de tables, où sont reparties toutes les strates de l’équipe. A gauche, la Salle, en costard, droit comme des I, toujours bien sapée. Certes les serveurs mangent à la cantoche, mais ils y gardent une certaine classe. A droite ; la cuisine, en blouse blanche, parfois en tablier, assez sales eux par contre (s’ils  n’ont pas le temps de se changer, c’est parce que Eux, ils tapent dedans) avec les sous chefs d’un côté, tous les sous fifres de l’autre. Ensuite les plongeurs, parlant, euh pardon, hurlant en dialecte africain, et le staff technique en bleu avec quelques femmes de ménage un peu à part et souvent silencieuses. 

 

Tout ce beau monde discute de façon très hiérarchisée, ou reste coi, stressé par le travail qui reste à réaliser. Et quand les dialogues fusent, ils tournent souvent autour des mêmes sujets, sexe, drogue, pas rock and roll, mais quasi. Avec des « qu’est ce que t’as fait ce week-end, ou qu’est ce que tu vas faire au prochain ? » « Bah je vais me mettre ou me suis mis complètement déquer » (traduction chaste, je vais tellement boire que j’oublierai comment je m’appelle). Parfois quelques percées sur la cuisine, mais jamais trop profondes : « ça te dirait d’aller à Rungis un de ces quatre ? » ou encore « tu connais les ravioles façon Guy Martin ? » Réponse : « non ! » Fin de discussion.

 

Je prends l’escalier, direction bureaux du chef et de ses seconds, vue sur un magnifique parc, lumières naturelles, grands, non, très grands espaces, bureaux modernes, et présence de haute technologie : des ordinateurs avec écrans plats… Je comprends pourquoi ils ont tué pour arriver là ! 

Me voici dans le bureau de mon chef, un Thuries est posé dessus, ouf, je suis rassurée. Il est en pleine discussion, ses sous-chefs l’entourent. J’écoute en essayant d’être discrète, ils parlent de l’avenir des déjeuners de luxe, des futures formules du midi. Discussions confidentielles, et qui présentent de l’intérêt. Mais le service commence, et il faut repartir en bas.

 

Je me pose alors cette question : combien serons nous à monter les marches plus tard et à justifier alors en nous la présence de quelques neurones en plus ? 

 

A la semaine prochaine, 

Ratatouille.

Vas-y !

6 novembre 2009

Camarades cuisiniers, je vous raconte aujourd’hui une petite anecdote qui vous rappellera peut être ce que vous vivez au travail, ou ce que vous avez déjà vécu. Pour vous amateurs de la haute gastronomie, après avoir lu, quand vous rentrerez chez vous, après le travail, devant un bon thé ou café, puissiez-vous vous détendre  et respirer fort en ayant une pensée émue pour nous.

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