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28 août 2018

Comme certains d’entre vous, ma femme et mes filles me reprochent parfois l’intrusion du téléphone à la maison. Les réseaux sociaux faisant partie de mon métier, il est vrai que je peux manquer de vigilance vis-à-vis de ma consommation. Mes moments privés en famille me semblent d’autant plus précieux que je suis effrayé, en ce moment, par la teneur des publications. Effaré de me retrouver sans le vouloir dans l’intimité de l’indignité. C’est ainsi qu’une cheffe a publié la main de sa mère, froide sur son lit de mort, légendée de ses “au revoir». Nouvel exemple, des vidéos des obsèques de Joël Robuchon, tournées à l’intérieur même de l’église, dégoulinaient d’impudeur sur mon mur. Le mur de la honte. C’est un fait: certains vont désormais à un enterrement comme au concert de U2. Mais finalement de moins pire en banal, on finira par trouver ça normal ? L’hyper connexion doit-elle nous enlever tout discernement ? Tout sens du respect ou des limites ?

À moindre échelle, communiquer sur la vie de ses équipes et de son établissement est indispensable pour fidéliser et susciter l’envie auprès des clients. Pour autant, les chefs doivent-ils «vendre» leur couple ou leurs enfants à longueur de journée, au point de ne plus être en cuisine ? De ne plus avoir de moment intime ? Assurément pas. Sur la voie du storytelling, certains se sont perdus eux-mêmes. La communication est une direction que l’on choisit, un chemin que l’on emprunte pour y parvenir. Cela se réfléchit, se construit, se balise.

Le petit poucet qui égraine sur sa route tout ce qui faisait ses valeurs a vite fait de se retrouver à poil… A force de tout dire, on ne partage plus rien.

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